Les coups de coeur d'octobre 2010 (1)

Voici les coups de coeur du mois d'octobre. Dîtes-moi quels étaient les vôtres!


Sur la proposition "retraite", un texte de La plume et le vent:
C’est décidé. Je me traite correctement. Je retraite le temps, je regarde passer le tram qui envoient ses occupants vers des bureaux et des ateliers et des salles de cours et d’autres endroits où sont traités les affaires vitales d’une économie traitant parfois ses acteurs comme les sous-traitants de ses bénéfices... Le vent balaie les nuages. Je balaie ma vie d’un passage d’oiseaux chantants. Le tram s’en va, d’autres gens arrivent sur les quais. Je tourne les talons sur ma vie d’avant, je regard l’avenir qui toise le passé, je regarde devant moi. Il est temps d’apprendre le temps, il est temps de le dompter. Je vais maintenant temporiser. Et commencer par aller devant cette école, où ma petite-fille va bientôt crier « Papy ! ». Deux mots résumeront ma vie : Papa et Papy. Ils sont les pourvoyeurs du temps qui passe, et les détenteurs du bonheur absolu. Un autre tram arrive. Je ne regarde plus. Je marche. Loin devant.


Sur la même proposition, un texte de Petit pain:
J'ai 70 ans passés et voilà, c'est fini. J'ai mal partout ce matin et je regarde avec un peu d'angoisse le vélo électrique qu'ils m'ont offert hier soir... Quelle idée quand même, j'ai dû le mettre sur le balcon... Pas de garage à vélo dans mon HLM...Est-ce que je vais avoir le temps d'en profiter,d'ailleurs, de ce foutu vélo... Je repense à cette fameuse année 2010 à partir de laquelle tout a changé, j'aurais dû plus lutter, un plus un ça peut faire des millions, j'aurais dû...


Sur la proposition "chanson", un texte de Eva:
Aujourd'hui une chanson, c'est marrant ça tient, parce que justement aujourd'hui je me retrouvais avec mes amis à inventer une chanson. On s'était dit qu'il fallait une chanson pour nous rassembler et surtout pour expliquer nos aventures ! Notre vie ici est une aventure, et comme toutes nos soirées sont rythmées par cet air de guitare alors à notre tour de trouver des mots et de les mettre en chanson !


Sur la proposition "chirurgie esthétique", un texte de Caroline Morello:
Petite, je voulais ressembler à maman. Elle était belle et moi je voulais être comme elle. Un peu plus tard, à l’adolescence, j’en avais assez qu’on me prenne encore pour une enfant, je voulais être prise au sérieux, comme une adulte. Aujourd’hui, à 50 ans, j’aimerais ressembler à ma fille…


Sur la fiction du vendredi "jardin", un texte d'Emilie:
La vie m'avait toujours parue plus douce au jardin. Quoi de plus agréable que de se laisser bercer sur une balancelle, ondulant au gré du vent, une brise fraîche venant caresser notre visage, et les rayons du soleil s'abattant sur un corps alangui par la chaleur?...Les paupières alourdies, l'esprit vagaboneur, je m'envolai vers des rêveries colorées, laissant mon esprit m'emmener là où lui seul savait. Et je profitais, je vivais intensément l'instant présent, le bonheur d'être en vie, le soleil sur ma peau, et lentement, délictament, un sourire venait se former sur mes lèvres...Je suis en vie, je suis heureuse, carpe diem !


Sur la même proposition, la fiction de Laure:
"J'ai oublié de rentrer le linge! Va le chercher s'il te plait" dit Maman. Le fil n'est pas loin de la maison, 20 mètres tout au plus, mais la nuit est sombre, sans lune. J'allume la lanterne extérieure, mais ses 40 watts ne font qu'un pâle halo qui n'éclaire guère que le porche. Le cerisier et le pommier, qui servent à tendre le fil à linge deviennent des géants étendant leurs multiples bras tors vers moi, comme s'ils voulaient me happer! Bien sûr la chouette hulule dans le grand chêne ou le sapin majestueux. Je martèle dans ma tête: "il n'y a rien, tu ne crains rien" mais je sens que mon ouie est en alerte, mes yeux fouillent l'obscurité et ma respiration est courte... Le fil est un peu trop haut pour mes 8 ans et j'ai peine à attraper les épingles.... j'y arrive, sur la pointe des pieds, en tirant fort sur le linge. "Il n'y a rien, tu ne crains rien..." mais dieu que ce fil est haut!!! Que la tâche est ardue!!! Comme le temps devient éternité!!! C'est bon! Tout le linge est ramassé! Je cours vers la maison. Le pâle halo de la lanterne est mon sauveur. Je reprends mon souffle, je crains qu'à la maison on se moque de moi si d'aucun devinait que j'ai eu peur. " Tu en as bien mis du temps" dit Maman en m'observant du coin de l'oeil. - Euh... c'est juste que le fil est un peu haut" bredouillè-je. Maman ne dit rien de plus, mais la fois suivante elle s'esclama: "zut, j'ai encore oublié le linge dehors, il faut que j'aille le rentrer". Elle avait compris que notre jardin qui la journée était mon terrain de jeux et d'aventures, dont je connaissais chaque recoin devenait, la nuit venue, le domaine des fantômes et de la peur enfantine.